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samedi 27 septembre 2008

Chronique d'un spectacle nomade


Depuis 9 ans, la compagnie Tour de Cirque s’inscrit dans le paysage culturel français. Et depuis 9 ans, ses spectacles tournent à l’étranger…
Depuis les invitations par les alliances dans les fastes de Dubaï, jusqu’à la création d’un cabaret cirque sur la côte Indienne touchée par le tsunami, la compagnie ne cesse de repousser les limites du spectacle vivant pour atteindre un public inhabituel et inhabitué…
Dans les cadres institutionnels, nos spectacles rencontrent un grand succès. Cette année, les représentations en Colombie nous ont encore prouvé que la demande en spectacle vivant à l’étranger est importante, accueillie avec émotion. Les échanges sont immédiats et les rencontres trop courtes. http://cirk.fr/colombie
Alors pourquoi ne pas revisiter ces tournées express en une tournée au long-court ?
Pourquoi ne pas quitter quelques temps la France pour aller proposer notre envie de partager, d’échanger et de jouer pour tous… ?

Depuis un an, nous nous sommes acharnés sur ce nouveau projet. Affiné progressivement, il prend le virage suivant : traverser l'Afrique par la façade ouest en dix mois. Et enfin, nos premiers contrats se signent...
En parallèle de cette année de débroussaillage intensif, nous mettons en place notre nouvelle création "Derrière la porte" : magie nouvelle et jonglerie. Des semaines de résidences, de remises en question, récompensées par les réactions emballées du public français.
Trois mois avant le départ, il ne reste plus qu'à adapter le spectacle en version légère, customiser la remorque qui servira à transbahuter le matériel son, éclairage et de scène, commander en nombre le matériel fongible... et puis tester en décembre la nouvelle version lors des 12 représentations prévues un peu partout d'ici Noël...
Acheter un 4x4, charger... une gageure quoi...
Nos finances ? L'achat des spectacles que nous allons jouer dans des cadres institutionnels tout au long de notre route. C'est un projet professionnel, appuyés par deux fondations qui croient en nous et nous aident depuis quelques années et sans qui nous ne pourrions pas mèler nos actions culturelles aux sociales depuis des années.


Samedi 4 octobre 2008

Ecole en voyage / école du voyage



Je m'appelle Maéla, j'ai 6 ans. J'ai pas encore de dents tombées ! J'aime bien quand c'est Noël ou les anniversaires (les anniversaires à moi évidemment !). J'aimerais bien avoir un cheval pour aller à l'école au galop. Ce que j'aimerais bien aussi, c'est que quelqu'un vienne avec nous en Afrique, ça me ferait beaucoup plaisir parce que quand on est partis à plein en Inde, on s'était fait des copains. J'aime pas qu'on vende le camion et qu'à la place on prenne un 4X4 ! Et aussi, ce que j'aime pas, c'est que je peux pas avoir de chat parce qu'on part en voyage et mon père est allergique ! J'ai pas envie de rater l'école... Mais si ma mère elle fait l'école, j'espère que je n'aurai pas à faire le travail sur le fichier (et le reste !). Mmaaééllaa


"Je m'appelle Shemsi, j'ai 7 ans. J'ai les yeux bleus. Le 15 janvier 2009, je vais partir en Afrique, avec Papa et Maman et Maêla, pour faire des spectacles. Je trouve bien de découvrir des choses, et moins bien de quitter mes copains. J'aime les animaux et l'école. C'est maman qui va me faire l'école (et papa). J'espère voir des lions." Shemsi

 

Depuis mes onze ans, (depuis mes premières monumentales déconfitures scolaires), je suis persuadée qu'il y a mille manières d'apprendre.Ado, je méditais sur tout ce que je pourrais mettre en œuvre comme chemin d'apprentissage à travers un voyage. J'ai des amis qui sont partis en école en bateau, d'autres en roulotte... et tous sont revenus grandis. Plus sages, plus sûrs, plus mûrs.
Je me suis donc promis en mon for intérieur, que si mes enfants éprouvaient la moindre difficulté scolaire, je les retirerai du système classique pour leur apprendre à apprendre les autres chemins possibles de la vie (vaste entreprise, j'étais jeune et idéaliste alors !)... Je m'étais juré de les éloigner de ce formatage dès qu'il serait destructeur.
J'ai suivi une formation Montessori, je me suis renseignée sur Freinet, Decroly... j'ai préparé le terrain...
Seulement voilà ... mes enfants ADORENT l'école ! Ils y vont en courant, font leurs devoirs avec enthousiasme, n'ont d'amis que leurs copains de classes et vouent un véritable culte à leurs maîtresses... !
Le temps du voyage approchant, il a fallu prendre une décision pour l'école. J'ai contacté deux maisons d'éditions proposant des manuels alternatifs, j'ai révisé tout ce que j'avais imaginé possible et possiblement imaginable : des calculs de distances pour les maths, l'écriture d'articles pendant le voyage, la prise de photos, l'élaboration d'un site, la géographie sur le terrain, la lecture des cartes et même le sport en poussant le 4X4 lors des pannes... J'ai commencé à inventer des fiches en lien avec le périple : une heure de préparation par fiche... Ils les ont remplies en 10 minutes ! Je me suis donc rendue à l'évidence : pour apaiser leur besoin d'apprendre, il faudrait fournir au delà de ce que j'étais capable d'inventer !
J'ai donc revu ma propre copie : à la poubelle l'école buissonnière et l'idéologie maternelle. A la poubelle mes propres souvenirs d'échecs scolaires... et... vive l'éducation nationale et le CNED !
Nous venons tout juste de recevoir les cours de l'enseignements à distance : deux gros paquets, plein de livres, d'exercices, de dessins, de chansons, de cours d'anglais, math, sciences, français, histoire, informatique... plein de copies à rendre, avec des dates très précises et des consignes bien compliquées...
Plein de copies... C'est à dire 50 contrôles de connaissances par enfant...
Un regret Marion ?


Vendredi 5 décembre 2008

Notre nouveau compagnon d'infortune

Nous avons appris que Shemsi était diabétique. Une simple analyse d'urine et la vie bascule.
Je croyais que nous étions forts, infaillibles et soudain, tout se trempe d'injustice. Je touche du doigt l'impossible.
Nous passons une partie du mois d'octobre à l'hôpital. Le projet n'existe plus, nous assumons nos dates en France comme nous le pouvons. Une chose est sûre : je n'ai pas envie de faire rire !

Novembre 2008
Nous apprenons les bases du traitement et rentrons chez nous ; enfin réunis de nouveau tous les quatre.
On ne peut pas guérir du diabète de type 1. Le pancréas de mon fils a arrêté d'assumer son rôle : produire de l'insuline. C'est aussi simple et dramatique que cela. Il ne guérira pas. Shemsi a donc un traitement à vie. Pour le moment, c'est un régime sans sucre, deux piqûres d'insuline le matin, deux piqûres le soir, et 6 contrôles glycémiques par jours, c'est à dire 6 petites piqûres au bout du doigt pour récolter une goutte de sang qu'il met dans un lecteur.

Décembre 2008
Les semaines passent.
Nous avons repris le chemin de l'école, des spectacles, de la vie.
La première partie de notre nouvelle histoire, cette phase pénible d'acceptation de l'inacceptable est en passe d'être terminée.
Déjà... ?
Nous avons perdu des kilos, nous avons appris à cuisiner, à piquer notre enfant et à analyser tous les jours ses résultats. Nous faisons les premières erreurs, les première négligences et en assumons les conséquences en nous battant tous les matins, pour croire en une vie joyeuse et optimiste. Nous avons eu nos premières hypoglycémies nocturnes, avons oublié plusieurs fois le stylo piqueur et fait des allers-retours à l'école pour le rapporter. Nous avons oublié de prendre un sucre dans notre poche... Et chaque erreur nous pousse vers le réflexe, qui fait qu'on agit en parallèle de la maladie sans qu'elle soit obsessionnelle, qui fait qu'on pense à tout sans que ce soit obnubilant.
Enfin presque...

Côté spectacle
Nous avons assumé sans faillir et avec beaucoup de plaisir notre grande tournée de Noël : pas moins de 12 dates en 10 jours...

Côté voyage
Avec tous les encouragements de la diabétologue et de notre généraliste, nous partons. Déjà jusqu'au Bénin... et qui sait... nous allons probablement pousser en ferry jusqu'en Afrique du Sud où d'autres dates nous attendent, d'autres paysages aussi, et les grands parcs animaliers que j'avais promis aux enfants.

Nous aimons nos enfants, nous aimons les projets, nous aimons jouer nos spectacles, repousser les limites et prouver que les rêves sont possibles.

Alors nous partons, en famille, en spectacle, vers nos nouvelles aventures, avec notre nouveau compagnon d'infortune : le diabète.


Samedi 24 janvier 2009

Prêts ?

Nous venons de jouer notre dernière date en France. Il était temps ! Trois jours avant le départ pour Sète, où nous prendrons le bateau.
Il nous reste donc deux jours pour charger et être... prêts !
Premier arrêt : jeudi à Rabat, atelier vendredi et spectacle samedi... qui a dit que Tour de Cirque partait en vacances ?
Pour le plaisir, voici nos dates du mois de février :

• 30 janvier - atelier à Rabat
• 31 janvier - Spectacle à l'Institut Français de Rabat
• 2 février - Atelier à Fès
• 3 février à 9h et 15h - Spectacle à l'Institut Français de Fès
• 5 février - Spectacle à l'Ecole française Chenier
• 7 février à 10h et 15h - Spectacle au Théâtre de la FOL de Casablanca
• 12,13, 14 - Atelier à El Jadida
• 15 février à 10h 30 et 15h 30 - Spectacle à l'Institut Français d'El Jadida
• 20 février - Spectacle à l'Alliance française de Safi
• 21 février - Atelier Alliance française de Safi

Le prochain post sera marocain ou ne sera pas !

 


Dimanche 1 février 2009

Avec le"Théâtre Nomade" de Salé

28 janvier 2009 - Sur la mer
Shemsi :
On a galéré pour aller dans le bateau, parce que normalement les voitures rentraient en marche arrière. Mais nous avec la remorque on ne pouvait pas aller en arrière, alors on est allé en avant, on a détaché la remorque on est ressorti du bateau pour tourner et rentrer encore. Quand on était dans le bateau, on a regardé et il y avait des camping-cars qui n'ont pas pu monter dans le bateau et qui ont fait demi-tour.
Le bateau est bien. Il s'appelle le "Marrakech".
Dans notre cabine, y'a deux lits en étage et, en bas, ça peut faire aussi canapé. Il y a aussi des toilettes et quand on tire la chasse ça fait peur !
On mange au premier service et le petit déjeuner c'est à 7 h, le midi à midi et le soir à 19 h. Mais il y a aussi un deuxième service.

29 janvier
Douane de Tanger. Le bateau a 4 heures de retard. Quand nous descendons, on nous met dans un hangar où les véhicules s'accumulent, surchargés de quads, de bâches, de moteurs, de vélos, de nourriture... les vitres sont prêtes à exploser, les pare-chocs frôlent le sol.
Nous attendons pour faire tamponner notre carnet ATA que le douanier en chef revienne de sa pause repas, puis qu'il ait contrôlé l'ensemble des véhicules du hangar avant de s'occuper de notre cas. Farid part dans les bureaux, revient chercher la procuration car la carte grise est au nom de la compagnie.
Passera, passera pas ? Ça passe. Nous repartons 4 heures plus tard et filons sur Rabat où nous sommes attendus par le directeur de l'Institut et celui du "Théâtre Nomade" chez qui nous intervenons demain.
Une journée de retard, la route de nuit, un gros coup de fatigue. Je me demande un peu ce que nous faisons là. Les enfants se sont endormis après s'être disputés... Ambiance...
Arrivés au théâtre, nous rencontrons nos hôtes, Mohamed et Soumia, et tous les doutes s'estompent. L'accueil est chaleureux, franc, l'humour caustique. Nous parlons compagnie, cirque, parade, transmission. Nous parlons le même langage.
Nous faisons la route jusque chez Mohamed, suivant sa camionnette qui s'arrête régulièrement pour déposer les jeunes de sa compagnie dans leur quartier.
La journée s'achève. Nous posons enfants et duvets dans la chambre au fond de l'appartement. Nous sommes arrivés à notre première étape : 3 jours à Salé.

30 janvier
Nous donnons un stage toute la journée. Aux jeunes du "théâtre Nomade" auxquels viennent s'ajouter des jeunes du quartier. Puis l'après-midi, c'est au tour des enfants. Des petits. Nous voyons nos premières misères. Un jeune, bosseur comme tout, sourd et muet parce qu'il a eu une grave insolation à 3 ans. Un hôpital allemand pourrait le soigner, mais il n'a pas d'argent pour le billet d'avion. Un enfant très joyeux, mais si petit que j'ai failli le refuser au cours, jusqu'à ce qu'on me dise qu'il a dix ans, mais qu'il a arrêté de grandir...

31 janvier
Nous venons de jouer sous le barnum de la compagnie, dans ce quartier très populaire.
Jusqu'au dernier moment nous avons attendu une improbable électricité pour brancher les projecteurs et éclairer notre espace scénique. L'électricien municipal qui devait nous raccorder sur les lignes de la ville a fait disjoncter le quartier. Une rallonge a donc été tirée depuis la maison du voisin. Nous avons réduit la lumière au minimum. Seulement six projos à 30 % pour colorer un peu nos visages tout de même... mais les fusibles ont grillé...
Mohamed nous a donc annoncé que nous jouerions sans lumières...
Nous sommes moroses, les planches du parquet sont toutes destroy et les roulettes de la structure se coincent dedans. Nous savons que ce sera très dur et c'est très énervant.
Le public arrive. Heureusement la console son fonctionne. Beaucoup de gens du quartier se déplacent, les enfants des ateliers, leurs mères, les grands frères. Quelques français de l'Institut.
Le spectacle se passe. Sans lumière pour nous éclairer, nous avons plus de mal à nous concentrer et à centrer l'attention du public. Notre humour ne marque pas des points aux mêmes moments que d'habitude, mais d'autres passages provoquent des rires inattendus.
Les spectateurs repartent joyeusement. Le directeur de Institut français et Mohamed sont contents, pour eux le pari est relevé : avoir fait se déplacer les gens et provoquer un événement là où habituellement il n'y a rien.

31 janvier 2009 - Rabat
Maéla :
J'ai eu plein d'amis, j'en ai même eu des grands et des ados. Y'en a une qui s'appelle Soumi et l'autre Zara.
Les femmes ont presque toutes un tissu sur la tête.
Hier, on a fait une petite fête. Papa et Maman on fait un spectacle et au tout début, les ados ont fait un spectacle avec des géantes marionnettes.

Shemsi :
Ca se passait à côté d'un petit chapiteau où les jeunes font des spectacles. Y'en avait même qui faisaient des sauts périlleux.
Shemsi :
Pour dormir, Soumia et Mohamed nous ont invités chez eux. On a une grande chambre, il y a beaucoup de couvertures parce que c'est l'hiver.
Maéla :
Il y a beaucoup de couvertures parce qu'on est tous les quatre à dormir dans la chambre. On est six dans la maison avec Soumi et Mohamed mais eux ils dorment dans une autre chambre.
Ici, je vois beaucoup de chats. J'en ai vu un qui traversait la route en marchant, un autre en courant et encore un autre qui fouillait dans les poubelles.
Shemsi :
Juste à côté de chez Mohamed, il y a un oranger, avec des oranges dessus !
A côté du chapiteau, j'ai vu des cigognes sur un arbre dans leur nid.

Dimanche 8 février 2009

Nouvelles

Depuis plusieurs jours la pluie mouille nos grolles et nos bas de pantalon.
Il pleut. Il pleut dans le 4X4, il pleut dans les maisons. Les autoroutes font des lacs, les champs sont ravinés, l'humidité s'infiltre partout.
Il pleut si fort que les maisons s'écroulent, que les villages s'isolent et l'eau fait des victimes.
Les marocains en ont marre de la pluie.
Et nous aussi.

Diabète
Résidu de lune de miel, nourriture moins abondante, dépenses physiques plus importantes, lipodystrophie ? Shemsi est régulièrement en hypoglycémie et nous baissons les insulines depuis quelques jours. Nous nous en sortons plutôt bien et dans l'ensemble les chiffres de sa glycémie sont bons.
Deux petites frayeurs : lors d'un spectacle de danse que nous regardions à l'institut, Shemsi a fait une hypo prolongée et nous lui donnions du sucre et des gâteaux toutes les 20 minutes sans que sa glycémie veuille remonter, tout en voyant notre stock de sucreries diminuer... nous n'avons pas vu grand chose du spectacle.
Une autre hier soir où le lecteur a affiché 0,30 g/l. Farid lui a mis trois sucres dans la bouche, moi un petit pain dans la main. Je ne sais pas jusqu'où ça peut descendre, mais nous étions bien bas.
A part ça, tout va bien.

Education
Nous avons beaucoup de mal à faire admettre aux enfants qu'on ne parle pas comme dans la cour de récréation en société. Qu'on ne dit pas : " ton nom se termine avec un K comme caca ?" ou encore "qui a pété ?" au milieu d'un groupe d'adultes. Je fais la guerre aux mauvaises manières mais mes deux idiots continuent de se marrer comme des tordus à chaque fois.

Sur la route
Shemsi et Maëla s'installent côte à côte sur la banquette arrière avec les coussins et les duvets. Consoles dans la main, ils s'envoient des messages en tapant sur le petit clavier. Ça commence par des secrets puis l'un ou l'autre nous demande : "Espèce de cornichon", c'est un gros mot ou je peux l'écrire ?"

Coup de calgon
Coup de cafard hier pour Shemsi. Les copains de l'école lui manquaient. Il en a déjà marre du spectacle et ils ont passé une longue journée d'attente entre voiture, recherche, montage au théâtre, resto le soir...
Quelques larmes de fatigue en somme.

Hier nous avons joué deux fois à Casablanca.
Depuis le départ, c'est notre cinquième spectacle plus des ateliers. Heureusement, il y a une pause de quelques jours qui va permettre à tout le monde de relâcher la pression. Au programme : marché des voleurs, marché des sorcières, CNED et cinéma.
Ça devrait remonter le moral des troupes !
D'autant plus que le soleil semble être de retour, au moins pour la journée et ça, ça va sécher nos âmes !

07 février 2009 - Casablanca
Aujourd'hui nous sommes allés au marché des sorcières.
On n'a rien pu acheter, mais j'ai pu me faire du henné. C'est un truc qu'on fait sur les mains (ou sur les pieds ou le reste du corps). C'est rouge, il faut attendre que ça sèche. Après tu frottes tes mains ou tu les mets dans l'eau et y'a du beau orange qui vient.
On a vu des caméléons et des tortues. On a vu un caméléon impressionnant et c'était pas un caméléon, c'était un varan
Il fait très beau. On aimerai bien savoir si chez vous il fait très beau ou juste beau.
Maéla

Au marché aux sorcières, on a acheté des fraises et des amandes. J'ai acheté une chemise très belle.
Y'avait des théières et des verres très beaux en aluminium ou en argent.
J'ai vu des porcs-épic morts, des antilopes mortes, des peaux de guépards, des hérissons et des caméléons séchés.
Marie-Pau-l a acheté deux tortues qu'elle a appelé Shemsi et Maéla comme ça elle se souviendra de nous et quand elle vera ses tortues elle pensera à nous.
Y'avait plein de monde !
Les apothicaires font des potions pour guérir les gens avec les plantes, les fleurs et les animaux séchés.
Shemsi


Mercredi 11 février 2009

El Jadida

Tout va bien. Le moral des troupes est au beau fixe. Le soleil est de retour et nous sommes accueillis comme des pachas dans un magnifique appartement où les pièces s'organisent autour d'un patio bleu.
Les enfants travaillent studieusement en attendant que leurs parents prennent le relais.
Demain, nous commençons les ateliers de cirque, et d'ici là, j'essaye de mettre des photos !

Shemsi
On est allé à la plage et on a trouvé plein de coquillages et certains étaient habités. A une autre plage, on avait fait des châteaux de sable et un petit lac avec des cascades pour que l'eau vienne.
C'est très beau, dans la maison où on habite y'a un petit palmier avec des fleurs autour, c'est bien coloré, y'a des terrasses.
On mange beaucoup de tagines. C'est un plat en terre et on peut mettre ce qu'on veut dedans et on en mange souvent au Maroc. J'aime bien.
A El Jadida, y'a plein de remparts.
De temps en temps y'a un bruit (une voix comme si elle priait dans un haut parleur) qui appellent les gens pour faire la prière.

Le Maroc
La politique : Au Maroc, c'est pas un président qui commande comme en France, c'est encore un roi : Mohamed 6. Le Maroc est un royaume.
L'argent : C'est des dirhams : 20 dirhams, ça fait 2 euros. Si c'est 15 dirhams, c'est comme si c'est 1,5 €. On divise par 10.
La langue : Les gens parlent Français et aussi Arabe.

Maéla
On mange beaucoup de riz et de poulet. Y'a des taxis blancs, y'en a d'autres rouges ou bleus, ça dépend de la ville.
Les femmes ont presque toutes un tissu sur la tête. Quand elles croient en dieu elles mettent un tissu sur la tête. Le dieu c'est Allah


Vendredi 13 février 2009

Des photos et textes de Maéla

Je vous laisse le plaisir de l'orthographe (en digne fille de sa mère). Maéla a fait les photos et les commentaires !D'autres photos ont été ajouté dans les fils précédents.

Sé la premier foi que gevoiyé otan de poule séré den dé cage.
Gé pri une photo parce que gé trouvé ce cheval un presionen
Gé pri une photo de se cheval pour vou montré inpeu comment lé marocains se baladé yavé osi dé taxi


Atelier à El Jadida

Une petite dizaine de jeunes se rassemblent depuis plusieurs jours dans la salle du Parc Hassan 2.
Quelques hommes, danseurs, breakeurs, théâtreux. Une seule fille. Foulard autour de la tête, elle tente tout : les portés, le jonglage, les acrobaties. Fatima est étudiante en science sociale et traduit en arabe les détails techniques que nous voulons transmettre. Le français n'est plus enseigné dans les écoles marocaines et la compréhension n'est pas forcement facile. "avant, après, mets d'abord tes mains, les bras tendus, le plus importants est de garder les pouces dedans...". Autant de détails qui, une fois traduits, nous facilitent la transmission.
Le groupe est motivé.

 

Nous sommes si bien installés dans la maison que nous décidons de prolonger notre séjour à El Jadida. Cette petite pause va nous permettre entre autres de commander et de faire livrer de Casablanca des ampoules pour nos projecteurs qui nous lâchent les unes après les autres, ainsi que de déposer la remorque au ferrailleur. Quand elle sera réhaussée et fermée, nous pourrons transvaser dedans une partie du décor actuellement dans la benne du 4X4 et nous pourrons utiliser le lit.

Quitte à être là quelques jours de plus, nous proposons de prolonger la rencontre avec les jeunes de l'atelier.

Avant d'aller au restaurant, Shemsi décide de se refaire une petite beauté. Direction le coiffeur du quartier.

 

 
 

 

Mardi 17 février 2009

Deux spectacles de plus, une tête de moins

10H30. C'est le grand jour. Le public envahit le théâtre municipal d'El Jadida. Le spectacle est offert par l'alliance, l'entrée gratuite, la salle bondée.

A peine fini, nous commençons à réinstaller la scène pour la représentation de 15H. Nous sommes très contents de l'accueil réservé par les spectateurs, attentifs, réactifs. J'ai encore du mal avec certaines séquences. Ici toutes les femmes portent des foulards et quand je me ballade seule dans la rue, les jeunes me disent "bonjour ou vous êtes très belles". C'est sympa mais lassant. Impossible de se ballader en paix. Alors je ne sais pas comment les "séquences séductions" vont être perçues et je suis moins à l'aise que d'habitude.

Pendant que nous rangeons, les enfants jouent dans les coulisses. Soudain, Maéla pleure en se tenant la tête. En se relevant elle s'est cognée contre l'échelle qui mène au grill de lumière. Elle se tient le crâne fermement et me regarde et en pleurant "aie aie aie". Je la rejoins, l'emmène sous les projecteurs pour y voir quelque chose. Je ne vois rien, elle a trop de cheveux. Je passe ma main, c'est plein de sang ! Ça n'a pas l'air trop grave, mais ça mérite probablement quelques points. Farid me passe un rouleau de papier toilettes et guise de compresse, je demande à Shemsi d'appeler Stéphane et je prends Maéla dans mes bras.
Stéphane et Nada nous emmènent à la clinique. Dans la voiture, Maéla se calme un peu, mais arrivée aux urgences, quand l'infirmière lui dit qu'il va falloir recoudre et qu'elle contacte un médecin sur son portable, c'est la panique. Allongée sur un lit, elle sanglote sous la lumière :
" Je veux mourir, c'est injuste, j'en ai marre, je veux pas vivre si c'est pour vivre des choses comme ça ! Tant pis pour Noël ou les anniversaires !"
Je tempère un peu, tente de parler, d'argumenter. Puis le médecin arrive, en jogging, probablement dérangé au milieu de son repas dominical.
Il regarde la plaie puis me dit : c'est limite, on peut essayer sans les points. On va mettre une compresse, revenez mardi, on verra à ce moment là."
Maéla respire enfin. Stéphane récupère les Dirhams qu'il avait donnés pour payer les sutures et nous payons juste la consultation.
Nous passons à la pharmacie avec notre ordonnance d'antibiotique et d'anti-inflammatoire et rejoignons Farid et Shemsi au théâtre.
Tout un petit comité nous attend, Philippe le directeur, le journaliste, les techniciens, tous demandent des nouvelles à Maéla. Heureusement, personne ne lui tapote la tête !
Nous rentrons à la maison manger -vite fait- il faut repartir au théâtre, nous jouons dans une heure. Un bon coup de barre s'abat sur nous. Les émotions, ça fouette ! Farid a eu le temps de tout remettre en place pendant que nous étions à la clinique, je prépare un nouveau journal, installe les fils de la poupée.
Le public arrive, la salle est pleine à nouveau. Etrangement, nous avons une bonne énergie et la représentation se passe bien. Le fil ne se casse pas, nous n'oublions rien, pas de couacs et les spectateurs avec nous.
Pendant le démontage, Fatima nous rejoint. Elle veut aider pour le démontage et nous rangeons ensemble.
La journée s'achève, nous sommes fourbus. Petite tournée de crèpes sans gluten pour réconforter les enfants. Une douche et... AU LIT ! Youpi.


Samedi 24 février2009

Safi, c'est fini !

On quitte Safi et ses poissons frits.
Ça y est. Nous avons fini nos dates au Maroc. Fin d'une première étape. Déjà... le temps est passé si vite !
Rabat, Fès, Casa, El Jadida, Safi. 5 villes, 8 spectacles et 8 jours d'ateliers.

 
     
 
     
   

Côté spectacle
Le défi a été relevé à chaque fois et la prestation, dans l'ensemble, très bien accueillie. Le "nouveau cirque" séduit et il est fort probable que nous revenions l'année prochaine. L'institut français de Fès nous propose une résidence, Casablanca peut-être une tournée...
Même si les débuts ont été durs à cause du public bruyant, nous nous sommes habitués et avons aussi adapté notre jeu aux réactions. La phase du rodage au Maroc est terminée... juste quand on s'en va !

Côté nomade
Le remorque a été fermée à El Jadida et un tas de bazar évacué dedans. Y'a pas à dire, on est quand même bordéliques ! Depuis Safi nous dormons dans le véhicule et dans la tente de toit. Le confort est rudimentaire, mais la bonne humeur est là.
Fini les orgies dans les snacks et restaurants, nous nous approvisionnons chez les petits commerçants : patates, œufs, tomates, poivrons et oignons roses constituent notre principale alimentation. Personne ne se lasse encore. On a trouvé des yaourts sans sucre et sans amidon (miracle).
Bref nous quittons en douceur notre cocon d'artistes, accueillis dans des lieux magiques, pour notre côté manouche, pieds nus et mal organisés, nous préparant doucement pour les jours de route qui nous attendent.
Le frigo fonctionne parfaitement et les insulines sont gardées au frais. Les chiffres des dextros sont exceptionnellement bons depuis une bonne semaine. Le moral des troupes est haut.

 

Côté Cned
On avance, déjà deux évaluations envoyées en France. Shemsi est toujours loin devant, autonome et volontaire. Maéla, stylo à la bouche, boudeuse et sourcils froncés attend désespérément l'heure de la récréation.

Au fait, la vaisselle ? Un de nos systèmes préférés consiste à demander "qui veut faire la vaisselle ?" en plein milieu d'un exercice, c'est très efficace !

 

 

Dimache 1 mars 2009

D'agadir à Dakhla

Shemsi
Avant hier, on jouait sur un toboggan dans la piscine d'un parc aquatique. J'étais en train de glisser et il y avait un garçon en bas, je suis tombé et je me suis cogné une incisive et ça m'a cassé un bout de la dent et le reste est remonté. On est allé à Agadir voir le dentiste puis à l'immeuble à côté pour faire une radio. Le dentiste a dit qu'il fallait attendre que la dent redescende. Je me sens pas très très bien parce que ça fait un peu mal et c'est dur de manger car la dent à côté bouge un peu et il ne faut pas que je la fasse bouger.
J'ai eu peur mais maintenant je suis rassuré.

Maéla
Bonjour les copains,
Je suis en train de jouer avec un appeau. Un appeau c'est des objets pour faire répondre les oiseaux. On est contents car une copine est arrivée : Mireille. C'est elle qui nous a emmené les appeaux.
Ecoutez comment je fais les appeaux :
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
brou brou brou brou brou brou
aa a aa a aa a aa a aa a aa a
oufoufou oufoufou oufoufou
Il y a des inondations donc on ne pourra pas partir ce matin.
Je vous aime tous
Bisous
Maéla

 

Le vent et la pluie balayent Tantan toute la nuit. Il tonne, il gronde et les éclairs ne tombent pas loin, nous laissant crispés dans nos lits toute la nuit. Heureusement, nous nous sommes rapatriés dans une maisonnette du camping. Un salon marocain et une chambre deux lits. A peine installés, les enfants au chaud dans leurs duvets, les plombs sautent. Tant pis, nous resterons dans le noir. Pendant la nuit, je me lève pour fermer les fenêtres qui s'ouvrent, vérifier que l'eau ne monte pas trop dehors. La maison s'inonde doucement. Le matelas que Mireille s'est installé par terre fait éponge, elle est trempée.
Au réveil, le ciel est noir, menaçant, il pleut encore, puis... il grêle !
Sommes nous vraiment aux portes du désert ?

Nous sommes sur la route depuis 4 jours, nous traversons le sud marocain, puis le Sahara occidental.
A Daoura, nous avons fait halte dans un décor lunaire. 4 kms de pistes pour arriver dans ce bout du bout du monde. Les enfants sont sortis en courant du 4X4 et ont hurlé leur bonheur d'être dans ce lieu magique.

Quatre jours pour traverser ce désert jusqu'à Dakhla. Juste la couleur ocre jaune, quelques buissons, des arbustes. Le désert de pierre.


Mardi 3 mars 2009

Sur la route du Sahara occidental

Sur la route












Festival









Douara




Mercredi 4 mars 2009

Nouadhibou du monde

Nous y sommes...
Les centaines de kilomètres de désert ont été franchies. La dernière étape, de Dakhla à Nouadhibou a été longue.
La route toujours droite et le paysage qui devient de plus en plus blanc. Nos premières dunes...
La frontière est là. Nous savons qu'elle est entourée de mines, comme la route que nous venons de faire. Interdiction aux enfants de faire pipi à plus de 20 centimètres de la voiture !
Nous sortons du Maroc sans soucis, nos passeports et carnets tamponnés.
Il ne nous reste plus qu'à traverser le no man's land de 4 kms qui nous sépare de la douane Mauritanienne. Le goudron s'arrête net. Nous nous lançons vaillemment, apercevant au loin les bâtiments blancs. Un kilomètre, deux kilomètres, nous hésitons entre deux traces de roues. Celles qui s'éloignent ont l'air d'éviter le sable, mais craignons de sortir de la zone sûre et choisissons l'autre, celle qui va tout droit. Nous suivons les pistes et nous enlisons lamentablement. Impossible de reculer correctement avec la remorque, impossible d'avancer dans le sable. Nous regardons bêtement nos pneus prisonniers.
Les 2 plaques de sables sont descendues du toit. Apprentissage. Nous passons.
Un peu plus loin, ça recommence. Beaucoup plus aguerris, nous creusons avec nos mains, bloquons les plaques de métal sous les pneus. Ca repasse !
Frontière ! On l'aura méritée...
Nous poursuivons les quelques kilomètres qui nous restent jusqu'à Nouadhibou. Des langues de sables balayent la route. Le vent souffle.
Onze heures après avoir quitté Dakhla, nous sommes arrivés !

Jeudi 12 mars 2009

Spectacle Mauritanien

Le vent souffle sur Nouadhibou. Nous regardons avec effarement l'horizon se teinter d'ocre. Nous devons jouer dans la cour de l'alliance, exposée au vent. Nous attendons avec espoir pendant deux jours que le temps se pose, mais le sable vole. Rien à faire, nous ne pourrons pas jouer là. Nous cherchons une salle pour nous accueillir, puis nous nous rabattons sur la terrasse de l'alliance, petite mais plate et moins exposée au vent.
Le public se presse. Enfants, jeunes, adultes... les boubous bleus se mêlent aux voiles colorés des femmes, aux jeans des jeunes. La terrasse est pleine, elle déborde. Nous commençons dans le souffle chaud du vent qui ne tombe pas vraiment mais nous accorde quelques minutes d'espoir.
Les chapeaux... ? Ils volent mais ne tombent pas. Les sacs plastiques ? Ils disparaissent à l'horizon, rejoignant les centaines de sacs jonchant déjà les rues de la ville.
Les enfants rigolent, s'amusent. Puis pendant la scène de séduction je sens comme un grand silence envahir le public. Ici, on n'arrache pas le journal de son mari, on ne se tâte pas les bourrelets en public, on ne porte pas des collants couleur chaire sous une robe pourtant soft...
A la sortie du spectacle, c'est sans appel : il va falloir changer des passages pour les autres alliances. A part pour la capitale peut-être... pour les autres, on doit se censurer. A moins que l'on ne défende la culture française ? Boire un petit coup c'est agréable... Mais se prendre un vent là où les marocains rigolaient, c'est assez dur... nous remplacerons donc la bouteille de vin par une théière, je mettrai un long pantalon noir sous ma robe orange... et avec quelques changements légers... on devrait retrouver nos marques...
Le public est "malgré tout" très heureux de la prestation et ils viennent nous remercier chaleureusement. Le "mime" les intéresse. La magie les enthousiasme.
Forts de ce premier show en Mauritanie, nous reprenons la route. Nous avons 6 jours devant nous pour aller à Atar aux portes du désert de sable. Deux jours de route et quelques jours de pauses. Nos premières vacances. A nous bédoins, dromadaires, dunes et belle chaleur. Les rencontres vont être formidables.









Mardi 17 mars 2009

Quelques jours de t'rêves

Le musée de chinguetti
On est allé dans une sorte de musée-bilbiothèque. Le monsieur nous a montré des livres. Il nous a dit qu'autrefois, les ennemis kidnappaient les femmes et les petites filles. Pour que les gens ne les kidnappent plus, la famille fait boire aux filles 7 à 10 litres de lait par jour plus manger du couscous. C'est le gavage. Si elles ne boivent pas, on les pince très fort jusqu'à ce qu'elles boivent. Les femmes deviennent grosses, grosses, grosses et ne peuvent plus être kidnappées car elles sont trop lourdes pour que les chameaux les emportent.
Le monsieur nous a montré la pince pour les pincer et les lances et les poignards des nomades.
Shemsi

Balade sur les dunes
On est monté sur un chameau. Moulaye nous a dit qu'en 1100, l'ancienne ville de Chinguetti a été recouverte de sable. On a marché dessus en chameaux.
Après, on s'est posé et on a dormi dans la raïma. Autour de nous, il y avait des grandes dunes et on a glissé dessus. On a vu deux corbeaux qui nous suivaient et Mireille a dormi dehors. Autour de son matelas, il y avait des traces de pattes de fennec.
Un chameau, à chaque fois qu'il s'allongeait, il disait : "bleureuhbleugh...".
J'ai appris dans un livre que les chameaux rêvent et sont rancuniers. Ca veut dire qu'ils se rappellent un an après qu'on l'a tapé.
Shemsi








Improbable rencontre
Sortir une pièce, un paquet de carte, un instrument de musique et improviser quelques tours de passe passe et de musique.
Le charme a opéré. Moulaye, notre guide est séduit et dès le lendemain de notre petite méharée, il nous invite à manger du chameau chez ses amis.
Nous partons ensuite rencontrer avec lui le propriètaire d'un guitare électrique construite de boite en métal et sonorisée grâce à quelques fils sur un poste de radio démonté.
Mireille tente d'accorder son Xaphon sur le son discordant de l'instrument et réussi le miracle d'improviser sur la rythmique improbable. Des femmes, des jeunes nous rejoignent. L'une d'elle prend un jerrican en métal en guise de tambour. Les thés à la menthe tournent, certains dansent au milieu de la pièce. La musique de Mireille les enchante et les femmes poussent des youyous de joies en claquant des mains. La pièce continue de se remplir. Un tour de pièce pour achever la soirée. Moulaye qui nous a introduit est très fier de l'effet que produit la disparition. Un grand silence d'étonnement puis on me demande de recommencer. Le vieux approuve en regardant mon bras : c'est de la vrai magie. Nous rentrons à l'auberge où nos mousticaires nous attendent. Moulaye en rigole encore.




Mardi 17 mars 2009

Du thé dans les flûtes à champagne

Nos quelques changements ont suffi pour adoucir la réaction du public Mauritanien. Un collant et une theïère... et le spectacle dans la cour de l'alliance française d'Atar est un beau succès. Je suis contente. Contente du silence, de l'écoute, des réactions. Parfois les femmes rient sous les oeillades des hommes, parfois ce sont les hommes. Mais ils rigolent rarement ensemble !
Au delà d'avoir remplacé un élément qui pouvait les heurter (une bouteille d'alcool) par un élément local (une théière), c'est toute une scène qui revit. Le "code" existe et notre jeu reprend du sens. Là où nous avions reçu un froid glacial, nous avons des rires. C'est notre nouveau thème "du thé dans des flûtes à champagne".
Le lendemain matin, nous offrons un spectacle pour quatre classes de primaire. Nous limitons à quatre, car ici les classes ont 70 enfants et la cour de l'alliance est petite. Les enfants ont 2H30 d'avance sur l'heure prévue et nous débarquons, fraîchement réveillés pour nous installer devant un parterre d'enfants, filles d'un côté et garçon de l'autre, attendant que nous montions le décor.
Une belle écoute une nouvelle fois.

Nous quittons l'Adrar avec un petit pincement au coeur. Ces quelques jours entre Atar et Chinguetti étaient en dehors du temps.
Le désert nous attire, mais déjà il faut repartir.

Le diabète, comment ça va ?
Ca va plutôt bien. Certains jours sont plein de surprises, les taux de glycémie s'envolent, un jour, deux jours de suite, rien ne l'explique. Puis tout rentre dans l'ordre. Parfois je panique en me demandant si le plat de riz a été fait avec du beurre qui contenait de l'amidon, mais comme Shemsi va bien, je me calme.
Shemsi garde la tête haute, même si parfois on sent que c'est dur. Pendant notre semaine dans le désert, finalement, tout était plus simple. Il n'y a pas de tentations. Personne n'avait rien. Pas de dessert, pas d'extra. La nourriture à son minimum et non comme rencontre sociale qui se prolonge.
Le retour à la civilisation est plus dur. A Nouakchoot on goûte avec des biscuits, il y a de la danette au dessert...
Nos hôtes, Mauritaniens ou européens sont extrèmements attentifs aux problèmes d'alimentation de Shemsi. On cache les biscuits, on achète des fruits, tout le monde se met au riz... et puis le stoïcisme de Shemsi épate. Il est par ailleurs en pleine forme, joyeux, curieux.
Beaucoup de Mauritaniens sont diabètiques (diabète de type 2). La consommation de sucre ici serait 10 à 20 fois plus élevée qu'en France, à cause du thé surtout.
Les peuples du désert, les nomades qui vivent "en brousse" n'ont pas grand chose d'autre à manger que des dattes, de l'huile, du riz... et du thé, hyper sucré, très fort, très bon, mais destructeurs de vitamines et provocant, d'après les médecins que nous croisons un pourcentage de diabètiques inégalés...

L'école.
Hummm...

Maéla
Maéla a perdu ses chaussures, ses culottes et sa brosse à cheveux...
Bref elle est heureuse !
Parfois elle nous parle de Crest comme d'un endroit où elle aimerait bien rentrer. Ses amies lui manquent. Ses jeux, son lit. Ca reste furtif.
Faire l'école avec ses parents ne l'enchante pas du tout. L'école buissonnière en famille lui plaît beaucoup plus...

Les parents
Eux sont plutôt contents. Heureux d'être partis malgré l'annonce de la maladie. Heureux d'avoir tenu le choc et plus détendus face à la vie qui se profile avec/pour un enfant diabétique. Même si l'attention reste assez constante, que beaucoup d'étapes restent encore à franchir, nous allons beaucoup mieux qu'en partant. Nous sommes détendus, motivés par ce que l'on fait, ce que l'on vit.
Parfois nous nous rendons compte que ce n'est pas facile pour les enfants : les temps où nous travaillons sont intenses et ils se sentent dans ces moments là bien isolés. Mais nous leur réservons des belles découvertes dès que nous pouvons...
Côté boulot, le défi est à relever à chaque spectacle et c'est bien tripant pour nous. Et angoissant, et stressant... mais suffisemment euphorisant pour en redemander.
Bref, nous avons envie de continuer le voyage.


Mercredi 25 mars 2009

Spectacles Mauritaniens suite et fin...

Les dates s'enchaînent. Après nos quelques jours de trêves les pieds dans le sable, nous reprenons notre tournée de spectacle : Nouakchott au Centre culturel français, Kiffa au fond du bout du rien, Kaédi au bord du fleuve Sénégal, puis de nouveau Nouakchott où le CCF nous propose de jouer une seconde fois.
Nous enchaînons donc les dates, les rencontres, les tours de magies, les kilomètres...

Les directeurs des alliances sont enchantés. Notre passage est un succès. Partout ils nous dirons "nous n'avons jamais eu un public aussi attentif, aussi réceptif...".
Nous quittons donc la Mauritanie avec le plaisir du défi relevé !

Le 25 mars 2009
Bonjour les copains,
Est ce que vous vous amusez bien ?
Les vacances sont finies où elles continuent ?
Je voulais vous dire que nous des fois on s'amuse, mais des fois on s'ennuie. On fait du cned pas souvent !
Je voulais vous dire que moi, j'allais très bien.
bisous,
Maéla

Prière devant le décor :

Spectacle

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Sur la route :

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Stromatolythes :

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Dimache 29 mars 2009

Diabétiquement vôtre...
Nous sommes allés dans un laboratoire d'analyse médicale à Nouakchoot pour faire une HB (hémoglobine glyquée) à Shemsi. C'est une prise de sang qui permet de vérifier l'équilibre glycémique des trois derniers mois. Les globules rouges se renouvelant en totalité sur une période de trois mois en moyenne, une analyse de ceux-ci permettent de déterminer la concentration de sucre dans le sang. La valeur normale d'une HB se situe entre 4 et 6 %. Pour un enfant diabétique on la préconise à moins de 7,5% pour éviter les risques de complications sur le long terme.

Attendre le résultat de l'HB de son enfant, c'est un peu comme attendre les résultats du bac ! Est-ce que les efforts des mois passés ont porté ? Est-ce que tous ces contrôles, toutes ces piqûres ont été efficaces ? Shemsi se fait 10 trous dans la peau par jour : 4 piqûres d'insuline et 6 contrôles de glycémie... Ce qui n'empêche pas des chiffres parfois extravagants, des hyperglycémies ou des hypo...
Bref en fin d'après midi, je retourne au labo et ouvre l'enveloppe avec impatience et appréhension.
6,9 %.
C'est parfait ! Je rentre à l'hôtel avec un petit sourire au coin des lèvres et je dis "salam aleïcoum" à tous les gens que je croise !

Mireille à Nouadhibou
Mireille est partie à Nouahdibou pour un concert improvisé par l'alliance française, dont la directrice avait été séduite par sa musique. Une sorte de bœuf public avec Maguèye Hane, musicien Sénégalais, qui joue du gumbé quadrangulaire (une sorte de table et un tabouret avec une peau de chèvre accordable tendue dessus).
Pendant la prise de photo à la fin du concert elle se fait voler un petit sac posé à ses pieds contenant, entre autre, son matériel d'enregistrement.
Nous la récupérons à l'aéroport de Nouakchott toute désappointée, vidée de son énergie et allégée d'un bagage.
L'histoire pourrait s'arrêter là.... mais non ! Puisque des photos ont été prises avec la tête du petit malin qui a volé le matériel. Les photos de la soirée sont agrandies, photocopiées, la police est alertée. Mireille porte plainte puis prend son vol pour nous rejoindre, laissant les musiciens et l'alliance poursuivre l'enquête. Nous apprenons le jour même par téléphone que l'enfant a été retrouvé et qu'il a vendu le tout pour 200 Um (50 centimes d'euros !)...
A Kiffa, après 600 kms de route, nous sommes accueillis à l'alliance par un : "ils ont retrouvé ton matos !", et Mireille retrouve le sourire.
Le fin mot de l'histoire est que le petit malin et sa bande voulaient partager le butin, mais que l'un d'eux, trop impatient a vendu le tout à bas prix. Les autres, vexés, l'ont dénoncé...
Mireille retire sa plainte en apprenant ce qui se passe dans les postes de police. Elle récupère son enregistreur, un peu cabossé, un peu secoué, mais en état de marche.

A noter : elle a tout de même enregistré le son d'un oiseau inconnu, une sorte de "flap flap" mystérieux qui s'est révélé être l'arrosage automatique sur le tronc d'un palmier !

Frontière
Nous quittons la Mauritanie pour le Sénégal. Tout le monde s'engouffre dans le véhicule.
Nous disons "au revoir" à Caroline et "Kamelraman" qui nous suivent depuis 15 jours pour filmer une partie de notre périple. Ils reprennent l'avion pour la France. Mireille, nous accompagne encore pour une petite semaine. Son avion est prévu à Dakar.
40 km avant Rosso, nous bifurquons et longeons une piste dans un parc naturel pour rejoindre le barrage de Diama. Nous voyons nos premières familles de phacochères, des pélicans sur les eaux du fleuves. La végétation change, de grands roseaux, des arbres de plus en plus nombreux sur la terre couleur sable, de l'eau.
Frontière. Nous nous en sortons sans trop de soucis, achetons notre assurance pour le véhicule ainsi qu'un passavant.
Encore quelques kilomètres et nous voilà à St Louis, sur la langue de Barbarie, entre la mer et le fleuve Sénégal.
Au programme ? Quelques jours de vacances, le rattrapage du cned, l'organisation de la suite de la tournée. Nous recevons des mails. Le planning des mois qui viennent change, s'affine. Une tournée se dessine au Ghana. Beaucoup de spectacles en perspective !
Alors 4 jours de pause, c'est bien le minimum avant de repartir !


Dimanche 5 avril 2009

L'ile de Goré

Aujourd'hui, on est parti sur un bateau pendant 20 minutes pour aller sur l'île de Goré.
On est allé voir comment étaient les esclaves avant. Mais ils ont arrêté et les ont relâché car ils ont trouvé que c'était nul pour les esclaves.
Y'avait des bateaux entiers d'esclaves.
On a passé la journée là bas.
En rentrant on a failli rater le bateau avec papa. Le monsieur est vite redescendu et il m'a pris par la taille et il m'a donné à un monsieur qui m'a pris par les pieds puis m'a reposé par terre. J'ai eu très peur !
Maéla

On est parti dans un bateau pendant 20 minutes pour aller visiter l'île de Goré. C'est une petite île pas loin de Dakar dans l'océan atlantique. Y'avait un faux tronc posé sur un autre : c'était un palmier antenne !
On a vu des zébus et aussi des tableaux de sable. L'artiste prenait de la sève d'arbre et faisait un petit dessin et il mettait du sable de différentes couleurs et ça faisait un tableau. Y'avait un canon immense qui tirait sur les bateaux jusqu'à 14 kilomètres. On est allé visité ce canon. Un monsieur habitait dedans.

Avant les esclaves partaient de l'île de Goré pour être emmenés et être vendus. Les esclaves étaient capturés par des gens qui venaient en Afrique pour capturer les noirs. Les esclaves étaient enchaînés deux par deux par les pieds. Dans la maison des esclaves, on a vu que les enfants étaient prisonniers dans des cellules. Y'avait des cellules "enfant", "femme", "homme".
Ils étaient vendus contre des perles, des tissus, de l'alcool. Ils étaient acheté comme ça.
Les esclaves travaillaient en Amérique pour les gens, dans des champs de coton, de canne à sucre. Ils ne les payaient pas. Même s'ils n'étaient pas attachés, ils ne pouvaient pas s'enfuir car ils étaient rattrapés avec les chevaux et ils était tués.
Ils ont fait des lois pour qu'on ne fasse plus d'esclavage. Ca a duré 400 ans.
C'est un peu triste parce qu'ils vivaient leur vie comme ça et ne faisaient rien que du travail.
Shemsi

"La porte du voyage sans retour" - Maison des esclaves

Dimanche 5 avril 2009

Esprit es-tu là ?

N'improvisez pas un tour de magie devant votre tenancière Sénégalaise comme si c'était un petit plus à votre venue chez elle.
La nôtre, Fatou, s'est arrêtée de respirer quand la pièce a disparu dans mon bras. C'est un tour simple qui s'improvise n'importe où ; il suffit de demander une pièce à son interlocuteur et d'accomplir quelques passes simples que Shemsi et Maéla sont en train d'apprendre.
"Mais alors tu communiques avec les esprits ?"
Les trois filles assises autour de la table ont les yeux comme des soucoupes. Elles regardent puis viennent tâter ma peau, là où la pièce a laissé une petite marque.
Mon tour a eu trop d'impact, j'essaye de rectifier le tir.
- Non, tu sais, c'est de la magie blanche, pas de la magie noire.
- La magie blanche ? Qu'est ce que c'est ?
- Ca veux dire qu'il y a un truc.
- Ah, un truc... d'accord, mais tu sais, tu devrais aller au Burkina, là bas, il y a beaucoup de gens qui communiquent avec les esprits, tu rencontrerai des gens comme toi.
- Non, un truc, je veux dire quelque chose qu'on apprend, quelque chose que tout le monde peux apprendre.
Là, (je sais, je n'aurai pas dû), je recrache la pièce par la bouche et Fatou s'écrie, entre l'amusement et l'inquiétude :
- Là tu me fais peur !
Les deux autres filles ont reculé sur leur chaise. Farid traverse la pièce et Fatou l'apostrophe :
- Tu sais, ta femme elle me fait peur !
Et lui de répondre en roulant des yeux :
- Moi aussi elle me fait peur. Le soir, je suis obligé d'attendre quelle s'endorme avant d'oser me coucher !
Elle rigole septique :
- Ah, toi aussi elle te fait peur.
Je poursuis mon explication de démystification. Mais rien n'y fait. Les esprits sont forcément avec moi et un pouvoir m'habite. D'ailleurs elle ne m'appelle plus "ma copine".
A bout d'argument, je finis par leur montrer le truc. Le visage des filles s'illumine quand elles comprennent la supercherie.

Magiciens mal intentionnés, allez en Afrique, vous serez des rois. (ou des capités)

Sur la route

Samedi 11 avril 2009

Gambie

Nous passons en Gambie où l'alliance Franco Gambienne de Banjul nous attend pour notre premier spectacle en Afrique noire. Le bac est une épreuve. 6 heures pour passer la douane, attendre, puis prendre le bac et faire les 20 kms qui nous séparent de l'alliance. Et pourtant nous sommes accompagnés de Aliou qui nous aide pour toutes les démarches administratives et bakchichiennes.
En arrivant à Sérrekunda dans le quartier de l'alliance tout change : les gens parlent anglais (le "cado-cado" s'est transformé en "give me, give me"), nous pouvons marcher sans être abordés en permanence, et surtout il fait frais ! L'air de la mer refroidit l'atmosphère et nous respirons à nouveau.
Nous nous installons dans le véhicule dans le jardin de l'alliance et nous préparons le spectacle, le premier du genre à l'alliance.

Attente du bac

Spectacle : Nous pouvons réintégrer la bouteille de champagne au scénario malgré les 80% de musulmans. En revanche je garde mon pantalon. Au cas où...

Shemsi nous aide au réglage lumière

Samedi 11 avril 2009

Serpents

A la fin du spectacle, nous rencontrons Luc, un français marié à une Gambienne et père de trois petits garçons. Il vit dans la brousse, sans voiture et a créé une ferme aux serpents pour éduquer les populations à mieux apprécier les reptiles. Il nous invite à venir passer une nuit chez lui.

10 avril 2009 - Banjul, Gambie
Aujourd'hui, nous sommes allés dans une ferme aux serpents. Y'avait des pythons, des vipères heurtantes, des couleuvres sifflantes, des crocodiles, des tortues de mer, deux chiens, deux porc-épics, un bébé gazelle, des varans.
Il y avait trois enfants, Hassan et Hassan, et Samba qui avaient nos âges.
Luc nous a invités à manger puis à dormir à côté de sa maison dans notre 4X4. On a joué avec les enfants puis on est allés dans le bac d'un serpent pour déterrer un bout de plastique.
Hier pendant la nuit, Stéfano et Luc ont attrapé une vipère heurtante qui était près de la tente où les enfants dormaient. C'était un serpent plus grand que moi et assez gros. Si elle te pique, tu peux mourir.
C'était très très bien. Papa a eu peur de toucher les serpents.
Quand un crocodile est sorti de l'eau très très vite, maman a fait un bond en arrière !
On est allé voir des porc-épics et on nous a dit "s'il s'approche de vous, reculez vite, car ils peuvent mettre leurs pics en avant et vous foncer dessus!", alors on s'est pas trop approchés !
Shemsi

Hier, on est allés chez un directeur et il nous a emmenés voir des serpents : des pythons, une tortue qui ressemblait à une taupe, des couleuvres sifflantes, des cobras, des varans qui avaient la langue bleue.
Les lézards ici ne sont pas comme vous croyez, ils sont énormes mais pas comme un ballon de foot. On a visité les serpents et avant qu'on parte le lendemain, il y a une vipère heurtante qui est passée devant la tente de nos petits amis. Il y avait Hassan, un autre Hassan et un petit qui s'appelait Samba. Avant qu'on parte, Luc, m'a donné une mue de python, ça fait trois mètres de long et à Shemsi il a donné une petite peau toute sèche.
Les garçons, ils apprenaient la boxe. Vous savez comment ? Avec un sac rempli de ciment !
C'est dans une forêt de palmier.
Ils ont aussi un bébé gazelle qu'ils ont mis dans les toilettes pour la sauver. Pour les toilettes, ils creusent un trou, là où il y a les palmiers. Ils mettent une cuvette sur le trou et s'assoient sur les toilettes avec le papier, mais ils n'utilisent pas d'eau.
Bisous
Maéla

Les fameuses vipères heurtantes

Les gentilles bêbêtes

La mue

Hassan, notre copain

Dia-bête

Mardi 21 avril 2009

Fabrication de batik

Aujourd'hui, je vais vous raconter ce qu'avec notre grand-père on a fait :
Il y a une semaine, à Ziguinchor, on a fait du batik.
Alors le batik, il faut mettre de la cire de bougie dans l'eau chaude, alors elle fond. On prend un tissu blanc.
Avec une craie verte on dessine le dessin qu'on veut. Avec la cire jaune, tu prends le pinceau, tu le trempes, tu le tournes et tu repasses par dessus la craie verte.
Ensuite tu attends que ça sèche, et après, tu choisis des couleurs chimiques et tu dis où tu veux mettre la couleur. Ensuite dans l'eau chaude ou froide, tu mets la couleur choisie, tu prends un seau. Tu laves le tissu dans l'eau simple.
Ensuite tu trempes le tissu dans l'eau colorée.
Tu laisses sécher.
Ensuite tu fais pareil avec la deuxième couleur.
Et puis tu le trempes dans une eau bouillante bouillante pour que ça enlève la cire qui est sur le tissu et que ça fasse une très jolie couleur.
Tu mets à sécher et quand c'est bien sec, avec un fer à repasser, tu le passes dessus, tu le retournes et tu repasses dessus.
On peut aussi faire sur un tee-shirt blanc.

Eh, Isabelle, je voulais te demander si tu reçois le message, si tu pouvais faire une photocopie pour que les copains aient la recette du batik ?
Maéla

. le lendemain

Mardi 21 avril 2009

Koutal Lépreux

Nous sommes à Kaolack depuis quelques jours, accueillis par le directrice de l'alliance française. Kaolack, où les poubelles s'accumulent le long des rues, du saloum, des maisons, faisant perdre tout charme à cette ville écrasée par un soleil épuisant. Le thermomètre atteint des records depuis notre départ de France. 45 hier, 43 aujourd'hui, plus demain ? La saison sèche ne fait que commencer....
Aurélie, la directrice, nous conduit à Koutal Lépreux, un village de reclassement social où nous avons prévu deux jours d'ateliers. Shemsi et Maéla sont touchés, tripotés, bousculés, entourés de dizaines d'enfants joyeux qui n'ont jamais vu de petits blancs. Les longs cheveux de Maéla surprennent, ils sont tirés par les petites mains et Maéla pousse des hurlements de désespoir avant de se réfugier sur le toit du 4X4 pour observer sans être abordée.
Nous faisons la connaissance de El Hadji (le sage) qui coordonne les ateliers.
Le soir, il nous ouvre les portes de sa concession, nous logeant dans la chambre de son aîné.
Sa femme, certains de ses huit enfants, ses petits-enfants, quelques amis passent... il y a du monde sans arrêt dans la cour.
La nuit tombe, les matelas sont sortis, les enfants se couchent sous la lune, deux ou trois par matelas, ils s'endorment.
Farid sort la bouteille de pastis et nous sirotons sous la lune, goûtant la fraîcheur de la nuit, assis sur les chaises de plastique à parler avec El Hadji de sa vie, qui a basculé.

Circulaire présidentielle n° 194 PR-SG-JUR en date du 28 décembre 1967 relative au placement d’office des lépreux
"La présence dans les rues de Dakar et des grandes villes du Sénégal de lépreux qui importunent les passants a été maintes fois dénoncée comme une atteinte grave au prestige de notre pays et une entrave au tourisme. Après plusieurs réunions interministérielles, un village de lépreux interrégional réservé aux malades délinquants ou réfractaires au traitement vient d’être aménagé dans l’ancien camp pénal de Koutal, près de Kaolack."

El Hadji
El Hadji est né dans les années 45. Brillant à l'école, bon sportif, il poursuit sa scolarité loin de chez lui, à Kaolack. En 1962, il rêve d'un poste dans l'administration. La décolonisation est en cours, beaucoup de postes sont à pourvoir, son avenir semble tracé, il est très motivé. Il voit alors sur ses mains des taches apparaître. Il attend un peu, puis retourne discrètement voir son père dans son village. Ensemble ils consultent un marabout qui leur donne des plantes à déposer sur ses mains. El Hadji repart à l'école, mais voit bien que les décoctions n'ont pas d'effet. Son père, de son côté, se renseigne et vient le chercher pour aller consulter un médecin. Avant même de faire les tests obligatoires, le médecin sait que c'est la lèpre.
La lèpre, maladie de la honte, de l'exclusion. Les lépreux sont cachés par leurs familles, isolés, reclus, d'une part pour éviter d'autres contaminations, mais également parce qu'elle est le reflet d'une lourde faute morale. Et si le malade n'a rien à se reprocher, c'est qu'il porte la charge morale d'un ancêtre.
El Hadji retourne à l'école, les gens s'écartent autour de lui, s'éloignent, ses camarades ne s'approchent plus. Quelques semaines plus tard, il part pour Koutal Lépreux, un des villages de reclassement social mis en place par le gouvernement où les malades sont rassemblés pour vivre ensemble.
El Hadji arrive dans ce village à l'âge de 17 ans. Le gardien l'accueille et il rencontre ses pairs, à des stades parfois avancés de la maladie, rongés, mutilés. Il panique, il sait qu'il n'a plus d'avenir et tout s'écroule. C'est le seul lettré, tous ses rêves dans l'administration s'effondrent.
A cette époque-là, le traitement n'est pas très efficace. Ses doigts se crispent, ses membres s'abîment, une de ses jambes tombe. Mais il se marie avec une femme non lépreuse, il écrit, il lutte pour leurs conditions de vie. Il ouvre une école et enseigne aux enfants des villageois.
En 1980 un nouveau traitement arrive, qui stoppe la maladie en un an. Tout le village est soigné, guéri... restent les mutilations d'antan.
Aujourd'hui, El Hadji a réussi à faire scolariser certains enfants de sa communauté dans l'école du village à côté, il a ouvert une boulangerie, un prêt aux céréales, une banque de micro crédit...
Il veut construire des cases pour les 22 vieux très invalides et sans famille du village, rêve d'offrir un avenir aux jeunes qui l'entourent.
Alors il prend son bic et son papier blanc et il écrit des lettres pour informer sur leur situation... et ses mémoires.

C'est là que nous sommes intervenus pour les ateliers. Ateliers assez durs d'ailleurs, barrière de la langue, du temps... débordement d'enfants. Le lendemain nous nous enfermons avec notre groupe dans l'école, un gardien, caillou à la main, empêche toute intrusion auprès de nous. Le groupe prend forme au troisième atelier, c'est parti, les jeunes jonglent, les filles font des portés... ouf, nous aurons réussi quelques chose !
En partant, je laisse quatre invitations à El Hadji pour le spectacle de demain, ainsi que le prix du transport pour venir à l'alliance.
Viendra-t-il avec ses enfants ? Lui qui pendant 30 ans devait obtenir des autorisations médicales pour chaque visite ?

Shemsi
On est allés faire des ateliers dans un village où avant il y avait une maladie qui s'appelait la lèpre. La lèpre c'est une maladie qui commence par des taches et après ça ronge la peau, ça abîme les doigts. Y'a plus la lèpre comme maladie dans ce village, mais des gens l'ont eu. On a fait deux groupes d'ateliers, un groupe qui faisait le jonglage et un groupe qui faisait les pyramides. On s'est mis dehors. Y'avait des petits (100 au moins !) qui regardaient et qui s'approchaient de plus en plus. Papa et maman ont fait des ateliers avec des primaires, mais c'est des hyper très très grands, comme des adultes. On a mangé chez un homme, le seul vieux du village qui savait lire et écrire. On a mangé du riz avec des légumes et du poulet. Il a eu la lèpre, mais il est soigné, il l'a eu aux mains et ça se voit un petit peu encore.

 

El Hadji

Vendredi 24 avril 2009

Un spectacle à Kaolack

Notre présence ici n'a de sens que lorsque l'on joue.
Le problème c'est que notre séjour au Sénégal est trop long comparé au nombre de spectacles que l'on joue. Des annulations, quelques dates repoussées, et notre séjour ici s'est allongé, au détriment des pays qui suivent où nous allons cavaler.
La vie au Sénégal coûte cher et la chaleur est devenue telle que tout devient difficile. Il fait trop chaud pour sortir, trop chaud pour rencontrer, trop chaud pour s'agiter, alors aussi étrange que cela puisse paraître, on s'ennuie.
Quand on ne joue pas, qu'on ne donne pas d'ateliers, que l'on est plusieurs jours dans la même ville, on se demande parfois ce qu'on fait là, loin des fureurs et de l'agitation française...

Et puis arrive le jour du spectacle et le miracle de nos projecteurs qui s'allument malgré les kilomètres de pistes cabossées qu'on leur a fait subir.
Et puis arrive le jour où les gens se déplacent pour nous voir. La directrice a réussi à faire venir 55 enfants d'un villages SOS qui débarquent leurs 400 CFA à la main pour payer leur place.
Et puis arrive le jour où El Hadji a pris le bus avec ses deux filles et un ami pour venir nous voir.
Ce jour-là, tout le monde est content. Les spectateurs "n'ont jamais vu ça", les artistes sont heureux de présenter leur travail. Des mois de labeur, de répèt, de constructions, de doutes, et des milliers de kilomètres déjà.
Ce jour-là... cette heure-là, panse toutes les autres.
C'est quand la prochaine ?

 

Lundi 27 avril 2009

Petit oubli

On va mettre ça sur le compte de mon ordi qui ne marche plus. Plus d'ordi, plus de calendrier n'est ce pas...
Donc, en retard, mais avec le coeur, la série d'anniversaires à ne pas oublier !
L'année dernière à la même date, je les fetais de Colombie !
19 avril, Pablo, Catherine et le papa d'Hélène.
23 avril, Yorick
Qu'on se le dise tout de même...

Jeudi 30 avril 2009

4 en 2 jours

Ai je prononcé le mot "ennui" ? Nous arrivons à Dakar pour une ou deux dates, assez improbables puisqu'il nous est impossible d'avoir des confirmations d'horaires et de lieux.
A peine arrivés à l'école Ste Marie de Hann, on nous annonce la couleur : "vous jouez quatre fois demain, les représentations commencent à 9 h !" Panique dans les rangs. 4 fois ? Impossible ! Et si la première est à 9 h, il faut commencer le montage maintenant. Nous répartissons les 4 représentations sur deux jours, ils négocient les prix.
Ste Marie de Hann est une école tentaculaire. 4600 élèves, 500 enseignants !

Le lendemain matin, à 9 heures, 450 petits nains de maternelle pointent leur nez dans l'amphithéâtre. Impressionnés, silencieux, ils s'installent sur les bancs trop grands pour eux.
Planqués derrière le décor, nous attendons. Ibaba commence le discours :
- Bonjour les enfants, ça va bien ?
Et 450 petites voix répondent en chœur un "oui" qui résonne dans la salle. Trop mignon !
- Aujourd'hui, nous avons la chance d'accueillir une troupe de cirque français.
- Ouiiiii !
- C'est un spectacle avec de la magie, du jonglage et du théâtre.
- Ouiiiiiiii !
- Alors pour le théâtre, il faut se taire et bien regarder si on veut comprendre l'histoire.
- Ouiiiiiii
- Je ne vous demande pas de répondre, je vous demande de vous taire !
- Ouiiiiii !
(là, ça ne devient plus mignon de tout !).
- Les enfants, écoutez moi, il faut mettre sa main devant sa bouche maintenant et ne plus parler !
- Ouiiiiii !
- Non, ne répondez pas ! Et taisez vous !
Silence hésitant... et là, la question qui tue :
- Vous m'avez compris ?
Devinez ce qu'ils ont répondu ?

Vingt minutes après la première, les CP-CE1 débarquent à leur tour. 450 grimlins à nouveau. A peine le temps de raccrocher quelques fils, passer le balai, réinstaller tout, ils envahissent l'espace, beaucoup moins silencieux que leurs petits frères. Le brouhaha monte, Ibaba tente un nouveau discours :
- Bonjour les enfants. Pour regarder ce spectacle, il faut faire le SILENCE, le premier qui parle, je le mets dehors, il faut faire le silence, sinon ça ne va pas être intéressant. Marion et Farid veulent le silence. Il est interdit de parler ! Surtout N'APPLAUDISSEZ PAS !
En coulisse, on rit jaune. Farid réagit et chuchote de derrière : "si, si, ils peuvent applaudir !"
- Bon, rectifie Ibaba, alors vous pouvez applaudir un petit peu !
Le discours semble avoir fait son effet. Lumière, musique, Farid sort de la malle, applaudissements, quelques cris de joie et de surprise. Quelques minutes après, j'entre sur scène à mon tour et là (?)... ils HURLENT tous ensemble de bonheur.
A partir de là, j'assiste au spectacle le plus bruyant de mon existence. Chaque geste est ponctué d'un cri qui l'accompagne : Je sers un verre à Farid, un cri (enfin un cri... 450 cris quoi), je me sers, un cri, Farid échange les verres, des rires, on soulève le plateau, des hurlements de rire. L'amphithéâtre tremble. Epuisant. J'ai envie d'abandonner ! Pourtant ils sont avec nous, à fond, surexcités par cette sortie originale, incontrôlables.
L'après-midi, des parents viennent nous voir " mon fils voulait me montrer la salle, il n'arrête pas de me parler de votre spectacle, merci". Des enseignants : "Ils sont tous fait des dessins de vous, ils ont adoré ! ". On a donc beaucoup parlé de nous après cette matinée, nous en revanche, on a mis la journée à s'en remettre.
Dire qu'on remet ça demain....

........

Dans la bibliothèque, un petit qui a vu le spectacle m'aborde :
"Ah ! mais vous êtes une fille ?"
- Oui pourquoi ?
- Je croyais que vous étiez un garçon déguisé en fille..."
...
Même pas mal !

Jeudi 7 mai 2009

Départ pour le Mali

Nous attaquons ce matin aux aurores la route qui mène de Kaolack à Tambacounda.

On nous a prédit le pire : des pneus qui éclatent, 45° toute la journée, une route infernale...
Sans la clim et avec la remorque nous sommes peut-être mal barrés...
Nous partons pourtant de très bonne humeur... nous avons joué 8 fois en Sénégambie et avons fait de belles rencontres qui laissent entr'apercevoir une tournée future...
Et en même temps, nous sommes contents de changer de pays, de reprendre la route, d'aller jouer ailleurs...

Départ donc pour Bamako (Mali) où le CCF nous attend pour deux dates le 15 mai. Nous prévoyons de mettre trois à quatre jours pour y parvenir, puis de faire tous les visas qui nous manquent pour la suite du périple.

La première étape s'est finalement bien passée : il a fait chaud mais le ciel était voilé, la route avait quelques tronçons de goudron et chaque fois nous espérions qu'ils iraient jusqu'au bout, l'ordinateur a repris sa fonction de babysiter à l'arrière. Il y avait même du camembert pour le pique-nique du midi, dégoté la veille à Mbour... bref, que du bonheur !

Sept heures après notre départ, nous avions parcouru les 270 kms de route pour rejoindre Tambacounda et avons posé sans complexe nos habits rouges de latérite au bord de la piscine d'un hôtel.
Demain, la route doit nous mener jusqu'à la frontière.
Mali, nous voici !

Dimanche 10 mai 2009

Anecdotes sénégalaises

J'ai arrêté la magie au Sénégal. Parce que l'impact est trop grand, les règles du jeu ne sont pas les mêmes. Ou plutôt pour eux il ne s'agit pas d'un jeu. Là où n'importe quel occidental se laisse séduire et éventuellement admire la supercherie, il n'y a ici que djinns, démons, féticheurs et marabouts... et ce n'est pas drôle du tout en fin de compte de se sentir obligé de se justifier. De devoir prouver.
- Tu es envoutée ?
- Non, il y a un truc.
- Ah ! oui : tu as du boire quelque chose !
- Non je n'ai rien bu.
- Tu n'as pas bu de potion ?
- Non, je n'ai rien bu, je te dis que quelqu'un m'a appris le truc.
- La formule.
- Le truc, la combine, la magouille, le secret.
- Quelqu'un a mis quelque chose dans ton corps pour y arriver...
Une vraie discussion de Potterien.

ou alors :
- Tu fais de la magie ?
- Oui, tu veux que je te montre quelque chose ?
L'homme recule mi intéressé, mi paniqué :
- Ah ! tu ne fais rien sur moi, hein !

Il faut dire qu'au Sénégal, malgré les 90 % de musulmans, tout le monde a un marabout. La photo du ou des marabouts qui veille sur la personne trône dans sa chambre, parfois dans sa boutique, sur sa voiture. Des gens comme Fatou ou El Hadji sont musulmans depuis quelques années. Comme la plupart des gens avec qui nous en discutons, ils se sont convertis, il y a 3 ou 4 ans. Mais leur conversion à l'islam n'enlève en rien leur pratique maraboutique.
Le marabout est là pour tous et pour tout. El Hadji nous a ainsi raconté que dans son village, le marabout était très fort. Son fils aîné est allé le voir la veille de son concours d'instituteur et a obtenu le premier prix ! El Hadji reconnaît que le travail de son fils y est aussi pour quelque chose... mais tout de même !
Bref, avec toutes les formules, les secrets et les pratiques sénégalaises, ma magie de toubab ne trouvait pas la place que je voulais lui donner.
Alors j'ai laissé tomber.

...........
Après le spectacle à Saly, les enfants de CP nous ont fait des dessins, en voici quelques-uns...

A croire que tout le monde en veut à mon physique !
Cette espèce de chose sur le dessin de ce petit CP, là, en bas, ce truc à quatre pattes qui ressemble à un cheval...
Et bien c'est moi !

Dimanche 10 mai 2009

Mali, Bamako

C'est aussi simple que cela. Monter dans sa voiture, mettre de l'essence, et rouler. Rouler. Rouler.
Boire des litres d'eau et mettre son visage transpirant dans le courant d'air de la fenêtre pour ventiler.
Faire tamponner ses papiers.
Et déguster une bière fraîche à l'arrivée.

Nous sommes à Bamako.
Nous avons tout traversé et tout s'est bien passé.
Ca parait une montagne quand on prépare depuis la France, à chercher toutes les raisons pour partir mais aussi pour se retenir. Et puis une fois sur la route, c'est tout simple.
Il suffit de monter dans sa voiture, mettre de l'essence et rouler. Rouler. Rouler.

Sur la route Dakar-Bamako :

Future omelette

....
J'en prends pour mon grade :
Un homme discute avec moi dans la rue. Il me demande où est mon mari. Il est à l'hôtel. Il me demande à qui sont ces enfants. Les miens. Il me demande si mon mari a déjà pris une seconde femme. Pourquoi faire ? La première est parfaite !
Il me regarde de haut en bas et répond :
- Parce que tu as déjà deux enfants, et puis tu as vieillis !

Vendredi 15 mai 2009

Leçon de henné

Par Maéla - 15 mai 2009

Aujourd'hui, je vous dis que quand j'ai fait le Hénné à Bamako, c'était pas pareil qu'au Maroc !
Il y avait une dame qui mettait des fils blancs qui collaient à la peau. Avec une lame de rasoir, elle coupait au fur et à mesure qu'elle avait placé les fils collants. Ensuite, elle a mis une poudre sur les fils, de l'eau pour étaler, des sacs plastique sur les mains et elle fait un nœud.
Ensuite quand tu arrives chez toi, tu demandes à ta maman ou à ton papa quand ça fait une heure.
Une heure après que tu sois rentré chez toi, tu enlèves le sac plastique et tu vas te laver les mains. Tu enlèves les fils et le henné. Quand tu as tout enlevé, tu retrouves ta main pleine de henné orange. C'est comme ça qu'on fait le henné ici.
Bisous

Vendredi 15 mai 2009

Nouvelles en vrac

En nous enfonçant dans les terres nous avions deux solutions : soit nous épuiser en transpirant, soit nous ruiner en nous climatisant.
Nous avons opté pour la deuxième solution et avons lâchement abandonné notre véhicule trop chaleureux.
Nous faisons donc constamment des va et vient entre le véhicule et nos chambres d'hôtels, déchargeant et rechargeant à qui mieux mieux et cherchant différentes méthodes pour ne pas être trop bordéliques et avoir toujours l'essentiel. Et ça...

Diabète un jour, diabète toujours.
Ne jamais oublier le dextro, le sucre, la collation en cas de besoin, la piqûre de secours. Nous qui avions l'habitude de nous balader sans rien, nous sommes toujours équipés.
Ne jamais laisser le sac avec le dextro quelques minutes dans une salle que quelqu'un pourrait fermer à clef... ne pas aller visiter quelque chose "juste à côté" sans le prendre, les distances n'étant pas les mêmes pour tout le monde. Impossible d'être "à vide".
Le diabète et le cœliaque sont des maladies qui empêchent toute spontanéité vis à vis de la nourriture. Pour Shemsi, il faut toujours calculer, réfléchir, ne jamais grignoter, ne jamais se laisser aller.
Pour les repas, nous arrivons la plupart du temps à les équilibrer. Les chiffres de la glycémie sont d'ailleurs assez bons.
L'Afrique simplifie les choses car il n'y a pas de consommation excessive. Le quotidien se gère bien.
Mais rien n'est oublié et les frustrations sont prêtes à surgir. A Saly par exemple, Shemsi a refusé d'aller à un anniversaire sachant qu'il ne pourrait pas partager le goûter.
Lui qui n'était pas passionné par la nourriture, rêve devant des affiches d'aliments, zape sur des émissions culinaires, veut devenir boulanger/patissier (pour une intolérant au sucre et à la farine c'est pas mal !).
Les piqûres... il les supporte stoïquement, rarement avec des larmes quand on pique mal. Son nouveau jeu est de s'enfuir en courant quand on sort les seringues, mais c'est pour le plaisir de nous voir lui courir après. Maéla le regarde en fronçant les sourcils et dit parfois : "T'as pas le choix, si t'as pas tes insulines, tu vas mourir". Au moins c'est dit...
Et comme la vie est bien présente chez lui toujours énergique et curieux, il accepte le traitement.
C'est plus simple pour nous les parents. Quand l'un de nous en a marre de faire les piqûres, il demande à l'autre. On s'échange cette charge qui au quotidien, devient triste. Mais pour Shemsi, impossible d'échanger.
C'est 4 injections par jour, tous les jours.
Depuis le départ en Afrique, ça en fait déjà 480 !

Pendant les spectacles
Shemsi et Maéla ont déclaré forfait à Zinguinchor et ils trouvent toujours une méthode pour échapper à nos représentations. On en est à la 23ème depuis le départ, ils l'avaient déjà vu plusieurs fois en France. Trop c'est trop !
Ce matin par exemple, ils se sont cachés sous les pendrions de la salle du CCF, sur un petit matelas et ont donc dû voir nos pieds sur scène. D'autre fois, ils se mettent dans le 4X4 avec un bon dessin animé ou une bd et l'interdiction de se disputer.
En revanche, ils nous donnent toujours un coup de main pour les montages, les démontages parfois les relations publiques... A Kaolack, ils ont mis des perruques, et bras-dessus bras-dessous sont allés au bar. Ils se sont accoudés à côté des spectateurs et ont crié : "on veut une flag !"
(c'est la bière Sénégalaise).

Suite du programme
Nous jouons ce soir, une deuxième fois au CCF de Bamako. Puis rangement des lumières, du décor, chargement.
Et demain nous partons de bonne heure pour le Ghana, via le Burkina.
Une longue route nous attend. Nous entrons dans notre sprint final en Afrique de l'ouest : encore 8 spectacles en trois semaines et pas mal de centaines de kilomètres...

Mardi 19 mai 2009

Route

Bamako (Mali) - Bobo (Burkina) : 11 heures de route
Bobo - Bolgatanga (Ghana) : 11 heures de route
Bolga - Kumasi : 9 heures de route
Nous y sommes. Accueillis dans un majestueux hôtel, nous nous reposons de ces trois de jours de... route, route et route.

On ne racontera pas :
Les étals de mangues, du Mali au Ghana, ou des dizaines de femmes déposent au bord de la route des dizaines de paniers remplis de fruits.
La petite chèvre qui s'est fait pulvériser par le bus qui nous dépassait.
Les pique-niques avalés dans le véhicule.
L'âne qui s'est fait culbuter sur la voiture arrivant en face explosant son pare-brise puis agonisant sur le bord de la route.
La douane Ghanéenne équipée d'ordinateurs pour transférer les données par internet, mais avec un réseau en panne et nous, du coup, coincés à la frontière.
Les camions, surchargés et ceux accidentés tout le long de ces centaines de kilomètres.
Le paysage de plus en plus vert au Ghana, les arbres formant des arches au dessus de la route.
Notre panique linguistique en entendant parler anglais autour de nous.
Le bonheur des enfants en plongeant dans la piscine de l'hôtel où nous avons fini par arriver et le plaisir des parents de jouer dans ce pays qu'ils ne connaissent pas.

Pour le plaisir, nos dates au Ghana :
• 20 mai : Alliance française de Kumasi
• 23 mai : Alliance française de Takoradi
• 26 mai : Alliance française de Cape Coast
• 29 mai : Alliance française de Accra
• 31 mai : Alliance française de Tema

Jeudi 28 mai 2009

Capitale du Ghana ?

Côté route

Nous avons traversé le Ghana. Déjà du nord au sud, de Bolgatanga à Takoradi. Puis de l'ouest à l'est, d'Axim à Accra.

Partout où nous passons, nous sommes chouchoutés comme jamais. Peut être parce que la communauté francophone est petite dans les villes où nous passons ? En tous cas, on nous réserve le meilleur accueil, les meilleurs hôtels, de belles rencontres... de quoi nous faire regretter la fin proche de cette première étape de voyage !

Au fil des kilomètres en terre ghanéenne, le paysage change encore, la chaleur se transforme en moiteur. Sur le bord de la route, les spécialité locales sont à vendre. Nous avons abandonné les paniers de mangues pour voir des étals d'escargots géants à vendre, la coquille grosse comme un bon pamplemousse. Les premiers que nous voyons sont toutes cornes dehors, étalant leur énorme pied sur une écuelle en alu. Très appétissant !

Plus au sud, la mode est au gros rongeur, vidé, crucifié, fumé et vendu à plat, côtes à l'air et les pattes attachés sur deux branches croisées. Les vendeurs brandissent leurs trophés... on n'a pas essayé non plus.

Le paysage nous réserve d'autres surprises : nous apercevons des champs de caoutchouctier, lâchant leur sève blanche dans les gobelets attachés sur leurs troncs mutilés. Nous voyons les mines d'or, celles officielles et celles "sauvages", où des dizaines d'hommes transpirent sous terre au péril de leur vie et d'autres tamisent pour récupérer le précieux métal. Quelles que soient les recherches, elles laissent la terre retournée et les cours d'eau pleins de mercure et d'arsenic. Le Ghana s'appelait la Côte de l'Or et ce n'est pas pour rien. La rumeur dit que les filons retrouvés ici pourraient changer le cours de l'or dans le monde et que, quand il pleut dans le nord du pays, les pistes de latérite brillent...

Nous avons abandonné les mosquées pour des églises. Le Ghana est chrétien... et pas qu'un peu. Ecole chrétienne, église partout, hôpital pentecôtiste, même sur la télé où nous zappons, nous tombons sur le jeu : "mémorial bible quizz"... Les fidèles donnent 10 à 20 % de leur salaire à l'église plus les dons du dimanche. Même la messe de 4h du matin est assidûment fréquentée. Cette fureur religieuse qui s'affiche sur les panneaux, dans les noms des boutiques, sur le moindre bâtiment est déstabilisante.

Côté spectacle

Un nouveau pays, de nouvelles réactions. Le spectacle est apprécié, les gens s'amusent, s'esclaffent, s'enthousiasment. Nous avons aussi de longs moments de silence pendant les temps de jeux et comme souvent quand nous sommes à l'étranger, le "nouveau cirque" attire du monde et nous remplissons presque toujours les salles.

Il ne nous reste plus que quatre représentations en Afrique de l'ouest : Deux au Ghana, une au Togo, une au Bénin. Cette fois on compte les jours et les spectacles qui nous séparent de la fin ! Les prises des projecteurs ont été démontées... ici les fiches sont anglaises et les adaptateurs ne suffisaient pas car nous prenions des coups de jus en touchant les gradateurs.

Côté itinéraire

Le moral des troupes est au beau fixe. Tout ce confort a bien rechargé les batteries et presque fait oublier les kilomètres de chaleurs poussiéreuses. Pour la suite, nous hésitons toujours. Accra et ses transitaires nous donnent envie de mettre le véhicule sur un cargo pour l'Afrique du sud. Mais si les devis ne concordent pas avec les budgets de la compagnie, nous rentrons en France avec, refaisant au plus vite et au plus court la route qui nous a conduit jusqu'ici. Notre première date en Afrique du sud est début septembre. Nous avons donc tout l'été pour nous organiser

frontière Burkina/Ghana

Saison des pluies ! La tempète arrive !

Etat de la route

Sur la route - Mosquée

Nouveau pays, nouvelle coupe !

Escargot Ghanéen (photo google)

Vendredi 5 juin 2009

La trente deuxième

Nous voici à Cotonou (Bénin) pour notre dernière date en Afrique de l'ouest. Avant hier à Lomé (Togo), deux jours avant à Accra (Ghana)... notre périple en spectacle prend fin ce soir devant le public du centre culturel français.
Demain, nous resteront les souvenirs de cette épopée artistique et surtout la longue route du retour qui nous ramènera en France avant de repartir en Afrique du Sud en septembre.

Plus de nouvelles plus tard, il y a tant à dire sur ces derniers jours aux multiples frontières et aux nombreuses rencontres.

Dimanche 7 juin 2009

Cotonou Bénin

Le spectacle d'hier était une belle réussite. 700 spectateurs, 150 personnes qui ne peuvent rentrer faute de place. Un sans faute technique. Une belle dernière, quoi. Le public applaudit longtemps avant que Farid puisse parler, puis les lumières se rallument éclairant les chaises face à nous. Impressionnant cette foule !

Nous avons fini en beauté notre épopée artistique.

Nous nous levons à 3H pour emmener nos enfants et Caroline -ma mère venue quelques jours- à l'aéroport. Pour nos petits loulous l'aventure se termine là. De notre côté, nous avons pris la décision de remonter en France avec le 4X4 et de trouver une autre solution pour la tournée qui nous attend en Afrique du Sud en septembre. De longs jours de route nous attendent.

A 17 heures nous trouvons un téléphone dans les montagnes Togolaise. le père de Farid décroche de l'autre côté. Les enfants sont arrivés ! Magie de l'avion, miracle du temps. Ils nous répondent là-bas, alors qu'ici, les kilomètres se franchissent lentement. Nous sommes soulagés de les savoir à bon port. Mais dans le 4X4, plus d'enfants pour crier, parler, exiger, caliner.... nous sommes tous les deux tous seuls sur la route... même si les paysages sont exceptionnels, ça fiche un peu le cafard.

Vendredi 12 juin 2009

Passage

Le fil de nos souvenirs défile au fil des kilomètres. Nous sommes déjà passés par là et les sourires des pompistes ou des douaniers qui nous reconnaissent me troublent. L'asphalte s'allonge devant nous sur plusieurs milliers de kilomètres et Farid conduit, impavide, un bras bronzé à la fenêtre, l'autre plus pâle sur le boîtier de vitesse. Nous quittons les montagnes togolaises pour la brousse burkinabaise puis les plaines saheliennes. Nous laissons les églises pour retrouver les mosquées. Nous nous éloignons des paysages verdoyants pour retrouver une terre de plus en plus desséchée où les femmes par centaines creusent des sillons, une petite pioche à la main.

Les kilomètres se comptent déjà par centaines, les images par milliers. Je n'arrive pas à quitter la fenêtre des yeux, envoutée par le temps qui s'écoule sous mes yeux. Chaque village a sa particularité : ici ils ne vendent que des oeufs, là que du pain, que des mangues ou que des pots. Ici ils se déplacent à pied, là par centaines à vélo, en charrette, à dos de zébu. Partout au moindre geste, les sourires s'affichent, les "bon voyage", alors que notre véhicule traverse leur village sans prendre le temps de se poser, de les rencontrer, de les connaître, trop impatients que nous sommes de retrouver nos enfants et de préparer la suite du voyage.

Nous sommes déjà passés par là, nous nous sommes arrêtés ici, nous y avons dormi ou rencontré quelqu'un, nous avons joué notre spectacle ici et là.

Nioro du Sahel, Kiffa… nous brûlons. L'harmattan est si chaud, si fort, que nous n'ouvrons plus les fenêtres du 4X4, préférant cuire à l'étouffée plutôt que desséchés par le vent. Dès que nous mettons un pied dehors, nos oreilles se transforment en brasier.

C'est au milieu du désert que nous tombons en panne. D'un coup, comme ça, le véhicule vient s'échouer sur le bas côté de la route : impossible d'accélérer. Je pense avec bonheur aux dix litres d'eau que nous avons pris en partant. Rien à l'horizon. Indécis, nous soulevons le capot, Farid plonge sous le moteur. Notre ignorance n'a d'égale que notre perplexité. Un camion passe. Un petit signe de la main, il s'arrête et 5 hommes en descendent. Le chauffeur regarde le moteur et demande :

- Essence, diesel ?
- Diesel.
- Y'a diesel ?
- Oui, y'a diesel.
- Allume.
On met le contact, il plonge la main dans le moteur, appuie sur un clapet.
- Fais marche.
Le moteur ronronne.
Le désert a droit à sa petite danse de la joie !

Lundi 22 juin 2009

Imperturbable Farid

Rien ne l'arrête...

Ni les cases au Togo

Ni les animaux décimés sur la "route de l'espoir"

Ni les extraordinaires publicités burkinabaises

Ni les carcases des véhicules dans le No Mans's Land Marocain.

Farid, impreturbable, conduit et parcourt de grandes étapes :
Cotonou (Bénin) - Kara (Togo)
Kara - Ouagadougou (Burkina)
Ouaga - Ségou (Mali)
Ségou - Nioro du Sahel
Nioro - Kiffa (Mauritanie)
Kiffa - Nouakchott
Nouakchott - Dakhla (sahara occidental)
Dakhla - Tarfaya (Maroc)
Tarfaya - Marrakech
Marrakech - Tarifa (Espagne)
Tarifa - Valencia
Valencia - Crest (France - Drôme).

Et pour ceux qui aiment les chiffres : 12 jours de routes retour et 8400 km.
Et une moyenne de.. 66 km/heure !

Ainsi s'achève la première partie du périple. Nous n'avons pas trop le temps de nous poser, il faut ranger et déjà les répétitions reprennent. Ce n'est peut être pas plus mal d'enchaîner, même si les premières nuits nous roulons beaucoup dans nos rêves !

La suite du périple se prépare déjà, rendez vous en septembre !

Vendredi 25 septembre 2009

C'est reparti

Ca y est...
Le 4X4 et la remorque sont vendus, la structure est découpée pour rentrer dans la soute de l'avion, les caisses sont fermées, les kilos pesés, les habits réduits au strict minimum...

Y'a plus qu'à.... l'avion décolle demain.
Et bientôt sur le blog, les nouvelles chroniques de notre périple africain !

Pour le plaisir, les dates de notre tournée en Afrique Australe :
Swaziland
• 3 octobre - Alliance française de Mbabane
Afrique du Sud
• 7 et 8 octobre - Lycée français de Johannesburg
• 9 octobre - Alliance française de Pretoria
• 10 octobre - Alliance française de Johannesburg
• 15 octobre - Alliance française de Durban
• 17 octobre - Alliance française de Johannesburg
Botswana
• 19-20-21 octobre - Atelier à l'Alliance française de Gaborone
• 22 octobre - Alliance française de Gaborone
Namibie
• 31 octobre - Alliance française de Windhoek
Afrique du Sud
• 7 et 8 novembre - Alliance française de Cape Town
• 13 novembre - Alliance française de Port Elisabeth

Vendredi 2 octobre 2009

Et bien non...

J'ai été fauchée en plein élan par un abcès à l'ovaire, aggravé par une péritonite.
Urgence, opération...

Et nous voilà encore en France, avec une grande fatigue...
due aux suites de la maladie et aussi à cette succession de problèmes médicaux cette année...

Nous ne partirons donc pas en Afrique du Sud pour la tournée initialement prévue.
Pas tout de suite en tout cas.
Le projet sera probablement repoussé... on espère...

Mais en attendant, nous allons nous reposer, nous remettre de ces émotions et reprendre pied chez nous, dans la douceur et la créativité...

Des nouvelles bientôt...